Gaëla Rault, une brodeuse de bijoux raffinés.

Membre de Jeux de Dames depuis 2018, Gaëla Rault s’est spécialisée dans les bijoux brodés à la main, au point de Lunéville, dans la plus pure tradition du savoir-faire français. Rencontre.

Avec la broderie comme fil conducteur, Gaëla Rault est passée de la conception à la création. Diplômée de l’école Duperré et de l’école Boulle, elle a travaillé pour Jean-Paul Gaultier avant de rejoindre un des cinq grands ateliers de broderie française: «Pendant 20 ans, j’ai imaginé des broderies pour des maisons de haute couture et je les dessinais à la main. Mes croquis codifiés servaient ensuite à broder avec précision les vêtements, notamment les robes de mariées.» Évoluant dans cet environnement empreint de savoir-faire et piquée de curiosité, elle a appris le point de Lunéville au contact des brodeuses, à l’atelier: «Je n’ai pas leur rapidité, mais je sais le faire. La technique s’apprend, ensuite c’est de l’entraînement», résume-t-elle avec simplicité.

Des yeux au bout des doigts.

Qu’est-ce que le point de Lunéville? Cette technique de broderie, apparue à Lunéville (Grand-Est) au début du 19e siècle, imite certaines dentelles comme celles de Venise ou de Bruges sur du tulle de coton. Cette méthode qui permet de broder de la perle et de la paillette a pris son essor avec les Années folles et a connu un coup d’arrêt avec la crise de 1929. Après la seconde guerre mondiale, elle est revenue en force grâce aux maisons de haute couture.

Toute la difficulté de la broderie de Lunéville, c’est qu’elle s’exécute sur l’envers: cette technique dite «à l’aveugle» suppose que la brodeuse a «des yeux au bout des doigts»: une main tient le crochet de Lunéville (une fine pointe courbée, telle un hameçon) et l’autre main, placée sous le métier à broder, fait avancer les perles, principalement en verre, parfois en métal. Quand on observe les doigts de Gaëla Rault s’activer mécaniquement, le crochet enfilant les fournitures les unes après les autres, on devine l’ampleur de la tâche et le temps passé à acquérir le geste, extrêmement précis: «Tout se fait au doigt, au toucher. On ne voit pas ce qu’on brode, sauf si le tissu est transparent. Puis on retourne l’ouvrage».

Deux gammes de bijoux

De fil en aiguille, elle a monté la marque Les Bijoux de Salomée. «À l’époque, je faisais de la danse orientale. Je voulais broder mon costume, lorsque je suis tombée enceinte de ma fille Salomée. Est née l’idée de réaliser des bijoux.» En parallèle, l’artiste réalise aujourd’hui des tableaux brodés, c’est-à-dire des compositions également réalisées au crochet de Lunéville qu’elle encadre. En quête de nouveautés et soucieuse de s’adresser au plus grand nombre, elle a lancé une ligne de bijoux baptisée Les petites Salomée. Son objectif: obtenir une gamme plus accessible, tout en utilisant le même savoir-faire que pour les pièces d’exception. Sélectionnée au sein du pôle Artisans d’Art, Gaëla Rault expose quelques-unes de ses pièces pendant six mois, au nouveau centre Mc Arthur Glen, près de Giverny (Eure).

Caroline Libbrecht

Article de La République de Seine-et-Marne

Où la retrouver?

Site internet: www.lesbijouxdesalomee.fr

Visite de l’atelier, sur demande.

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